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Pourquoi le Japon essuie un déficit commercial historique
Japon - Economie 19.12.2013
Le
Japon a enregistré en novembre le pire déficit commercial de son histoire. Sa
balance commerciale enregistre ainsi son 17e mois consécutif dans le rouge. Et
ce malgré une hausse des exportations. Explications.
Qui l'eût cru? Le Japon et la France jouent aujourd'hui dans la même
catégorie sur le front des déficits extérieurs. Le pays du Soleil Levant
accusant même un trou en novembre deux fois plus important que l'Hexagone.
Malgré des exportations en hausse, le déficit commercial japonais s'est en
effet aggravé de 35,1% sur un an le mois dernier, à 1293 milliards de yens,
soit 9,2 milliards d'euros, a annoncé mercredi le ministère des Finances. Soit
le pire résultat jamais enregistré pour un mois de novembre depuis que ces
statistiques ont été lancées sous cette forme en 1979.
Il
s'agit du 17e mois
consécutif de
déficit commercial pour l'archipel. Lors des onze premiers mois de l'année
2013, le déficit cumulé a légèrement dépassé les 10.000 milliards de yens (72
milliards d'euros) pour le Japon, autrefois habitué aux excédents portés par
ses puissants secteurs exportateurs (automobile, électronique, etc.).
Fukushima
et le yen faible sur le banc des accusés
L'accident
nucléaire de Fukushima de mars 2011 a entraîné en effet l'arrêt par précaution
des 50 réacteurs du pays, aussi l'archipel est-il contraint désormais
d'importer nettement plus d'hydrocarbures pour produire son électricité. Ce
phénomène s'est doublé, depuis l'an passé, d'une dépréciation du yen d'un bon
quart vis-à-vis du dollar comme de l'euro, ce qui a renchérit mécaniquement le
prix des produits importés, entre autres celui des sources d'énergie.
En
novembre, la troisième puissance économique mondiale a ainsi dû payer un bon
tiers plus cher ses importations de pétrole et de gaz naturel liquéfié. Ses
autres fournitures lui ont aussi couté davantage, que ce soit les ordinateurs,
les semi-conducteurs ou les vêtements.
Au
final, ses importations se sont renchéries de 21,1%, à 7.193 milliards de yens
(51 milliards d'euros).
Les
exportations sont pourtant en plein boom
Ses
exportations ont aussi bénéficié de la baisse du yen et se sont élevées en
valeur de 18,4%, à 5.900 milliards de yens (41,8 milliards d'euros), mais pas
suffisamment pour compenser.
La
valeur des ventes de produits nippons à l'étranger augmente en effet
mécaniquement, en terme de yens, avec la dépréciation de la monnaie japonaise.
Ce phénomène a entraîné notamment un bond d'un gros tiers des revenus tirés des
exportations de voitures. Il a aussi gonflé les recettes enregistrées via les
livraisons de générateurs électriques et de produits sidérurgiques.
Par
région, le déficit du Japon s'est creusé notamment avec les pays du Golfe
(Emirats arabes unis, Arabie saoudite), ses principaux fournisseurs de pétrole,
mais aussi avec la Chine, son principal partenaire commercial. L'ampleur de son
déficit s'est en revanche réduit avec l'Union européenne et son bénéfice
commercial s'est agrandi avec les Etats-Unis, son deuxième client.
Dette
colossale
"Le
déficit commercial du Japon devrait rester important pendant un moment en
raison d'une forte demande intérieure", a souligné Yoshiro Sato,
économiste au Crédit Agricole. Il a ajouté que le phénomène devrait être nourri
dans la période à venir "par l'impact des dépenses publiques et un pic
d'achat avant la hausse de la taxe sur la consommation".
L'activité
au Japon est en effet soutenue par des dépenses supplémentaires des autorités
équivalentes à 70 milliards d'euros votées en début d'année par le Parlement,
sous l'impulsion du nouveau Premier ministre conservateur, Shinzo Abe, afin de
doper notamment le secteur de la construction. Un nouveau plan de dépenses de
40 milliards d'euros supplémentaires a été mis sur les rails depuis.
Afin de limiter le gonflement de la dette publique
japonaise, déjà colossale, M. Abe a donné son feu vert par ailleurs à une augmentation de la taxe sur la consommation (équivalent à
la TVA française), qui passera de 5% à 8% en avril prochain. Les économistes
s'attendent à ce que les clients se précipitent dans les magasins avant cette
échéance pour acheter avant la hausse, ce qui devrait entraîner un rebond de la
consommation d'ici là et favoriser en conséquence une progression des
importations pour répondre à cette demande.
Source: lexpansion.lexpress.fr