Actualités
L'économie tunisienne en chiffres, quel legs pour Mehdi Jomâa?
Tunisie - Economie 18.12.2013
Trois ans, jour pour jour, depuis le déclenchement de la
première étincelle de la révolte du "printemps arabe" en Tunisie, un
certain 17 décembre 2010. Certains observateurs pensent que beaucoup a changé,
d'autres, au contraire, trouvent que "rien n'a changé", ou bien
encore que l'évolution est plutôt négative.
Sur ces trois années, on a certainement gagné en
liberté d'expression, en transparence des infos et en communication. Mais,
plusieurs turbulences politiques et sécuritaires ont secoué le pays. En outre,
les choix gouvernementaux en matière d'économie, ont souvent été inadéquats ou
démesurés. L'économie nationale en a donc été touchée et en souffre
aujourd'hui, sur tous les plans, et dans tous les secteurs.
A noter que toutes les données chiffrées ont été
puisées à des sources officielles, à savoir le ministère des Finances, la
Banque centrale de Tunisie, l’Institut National de la Statistique (INS) et le
ministère du Tourisme.
A l'aube du mandat de ce nouveau gouvernement de
Mehdi Jomâa, le troisième durant ces trois années, la conjoncture économique
est extrêmement difficile, et les issues sont loin d'être évidentes.
D'où l'idée d'une revue globale des indicateurs
financiers avec les taux comparatifs, qui donnent une impression globalement
inquiétante.
L'évolution des chiffres à travers ces trois
derniers exercices montre certains montants ou taux dont la progression est
restée raisonnable et compréhensible, comme le taux d'inflation qui a augmenté
ou le budget de développement qui a connu une hausse de 11,58%.
Mais ailleurs, la quasi-totalité des indicateurs
est alarmante. Par exemple, le taux de croissance au lieu d'augmenter, a
régressé; le tourisme a connu une baisse de plus de 13% que ce soit pour les
recettes ou bien pour les arrivées aux frontières. Le déficit budgétaire a,
lui, augmenté de 81,41%, pour passer ainsi de -651 millions de dinars en 2010 à
-1 181 millions de dinars en 2013. L'endettement public pèse encore plus lourd
sur le trésor public et les investissements étrangers ont nettement reculé,
accusant un écart de -61,53% entre 2010 et 2013.
En outre, la politique budgétaire expansionniste
et les choix économiques des différents gouvernements ont conduit à des déséquilibres
dramatiques. A titre d'exemple, la caisse de compensation a, en trois ans,
presque quadruplé, en passant de 1 500 millions de dinars à 5 514 millions de
dinars soit une hausse de 267,60%. Les charges salariales relatives aux
rémunérations de la fonction publique ont également continué à grossir avec une
évolution de 44,16% entre 2010 et 2013.
Par contre, pour l'emploi, revendication
principale de la jeunesse révolutionnaire, l'Etat n'a réussi à créer que 52 900
postes en 2013, soit une baisse de 32,61% par rapport à 2010.
Quant au regard que portent les observateurs
étrangers sur notre économie, les notations souveraines, peuvent en être une
expression bien éloquente. Sur les trois agences recensées, aucune n'a prévu
d'évolution positive durant ces trois dernières années. Bien au contraire, la
Tunisie a régressé entre 3 et 6 crans, selon les différentes notations qui lui
ont été attribuées en ce laps de temps.
Loin de toute subjectivité politique, et peu
importent les noms ou les partis des gouvernants, les chiffres parlent
d'eux-mêmes: (Voir Tableau ci-joint)
Mehdi Jomâa, l'heureux élu du poste du nouveau chef du
gouvernement, choisi par les intervenants au dialogue national, ne devrait donc
pas trop se réjouir de cette très lourde responsabilité. L'économie est agonisante,
la sécurité est incertaine et le mécontentement populaire est en train de
battre son plein.
Source: Kapitalis
Télécharger Tweeter