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L’épineuse question de la liquidité de la cote de la bourse.

Tunisie - Bourse 13.12.2013

L’épineuse question de la liquidité de la cote de la bourse.

La liquidité du marché boursier s’est nettement contractée au cours de l’année 2013 et plus particulièrement au cours de ces derniers mois (le volume moyen est passé de 6,4 MD pour le 1er semestre à 4,1 MD au second semestre). Il est de plus en plus fréquent d’observer des séances de moins de 2 Millions de Dinars. A quelques semaines de la fin de l’année, la baisse du volume quotidien (5,3 MD/jour) est de l’ordre de 25% par rapport à 2012 et de 51% par rapport à 2010. De plus, cette moyenne est à peine de 30% supérieure à celle 2007 alors que la capitalisation du marché s’est accrue de 115% (14 Milliards de DT contre 6,5 en 2007 avec 18 nouvelles sociétés sur la cote sur la période). Cela indique que le taux de rotation des titres s’est nettement ralenti et que la liquidité intrinsèque par titre a nettement chuté. 

Cette situation s’inscrit, certes, dans un cadre général de contraction de la liquidité observée essentiellement au niveau du secteur bancaire. La thésaurisation, la hausse des impayés et le ralentissement économique expliquent en grande partie le rétrécissement de la liquidité bancaire. Ce facteur s’est évidemment propagé au marché financier et a conduit à une baisse sensible de la liquidité boursière.

Il faut également noter que dans le contexte de crise politique et économique, qui dure depuis 3 ans, nous avons observé une nette baisse de l’appétit des investisseurs pour des actifs à risque, et ceci s’observe notamment par la recherche d’autres placements considérés comme étant moins risqués notamment la pierre, et tout récemment les placements monétaires, qui connaissent un renchérissement de la part de nos banques. Une situation qui a conduit à des rendements supérieurs à 6,5% sur des dépôts à 3 mois pour un TMM variant entre 4,6 et 4,75%. Sur un plan macro-économique, le manque de visibilité et l’augmentation de l’incertitude ont fortement dissuadé les investisseurs de s’engager plus en bourse. 

L’autre facteur technique qui explique la baisse de la liquidité, est le nombre très important d’introductions et d’augmentations de capital qui ont mobilisé un montant important d’environ 420 MD.

Quand on rapporte ce montant par rapport au volume retraité de la cote on obtient que plus de 1/3 de l’argent investi en bourse en 2013 a été dirigé vers ces opérations de levée de capitaux. Cet argent investi dans ces émissions s’est nécessairement fait au détriment de celui qui était habituellement alloué à la cote d’où la forte contraction de la liquidité. 

Un autre facteur a, aussi, réduit la liquidité est la diminution sensible des investissements étrangers en raison de facteurs macro-économiques mais, également, en raison de la valorisation de plusieurs valeurs phares du marché considérées comme relativement surévaluées en comparaison avec leurs pairs dans la région MENA. Les investisseurs traditionnels sur la région MENA ont, aussi, opéré des arbitrages très lucratifs en faveur des principaux marchés du golfe. Ainsi, Dubaï, Abu Dhabi et Qatar se sont inscrits en hausse de respectivement 91%, 51,1% et 25%, depuis le début de l’année ; 

Dans un contexte post révolution, le rendement de la bourse, qui a enregistré sur les trois dernières années une baisse de 14%, peut être considéré de globalement positif ; Pourtant plus que le rendement c’est la liquidité qui constitue le principal critère de réussite et de développement d’une bourse. Ce n’est pas par hasard, d’ailleurs, si au plan régional Tunis n’a jamais eu la cote auprès des gestionnaires de fonds internationaux qui sont partis vers des places plus liquides (Le Caire, Dubaï, Bahreïn…) et que les institutionnels locaux restent encore faiblement actifs en bourse. 

S’agit-il d’un problème conjoncturel qui sera résolu avec la fin de la crise politique? 

Bien qu’il est difficile de répondre à cette question, l’observation des statistiques sur 10 ans donne à penser que ce problème a un caractère plutôt structurel puisqu’on constate que la liquidité du marché ne s’est réellement améliorée que durant les années fastes du marché où le rendement s’établissait à 2 chiffres et que cela a été suivie par une nette décrue de la liquidité les années où la bourse a relativement sous performé.



Cette corrélation liquidité-rendement montre clairement que l’investissement boursier ne se débride que dans un contexte euphorique et donc contribue à l’inflation de prix des actifs financiers, ce qui à la fin, bien évidemment, crée des bulles. Une certaine irrationalité est donc observée chez les intervenants locaux. Ceci est expliqué par la prépondérance de la gestion individuelle libre ou ‘’par procuration’’ au détriment de la gestion mandatée réglementée qui est beaucoup plus professionnelle et moins impulsive. Les réflexes chez les professionnels de la gestion sont moins exubérants, puisqu’ils s’appuient sur des outils d’analyse sophistiqués. L’observation d’une répétition systématique de cycles haussiers et de cycles baissiers, bien que ce soit une caractéristique commune à tous les marchés financiers, pourrait donner une mauvaise image de la bourse de Tunis quand ça sort de la normalité (bourse spéculative ou casino) et de provoquer, ainsi, une désaffection progressive pour les investissements boursiers. En définitive une réflexion urgente sur le problème de la liquidité devrait être menée pour déboucher sur des solutions visant à pallier définitivement à cette épineuse question. Dans une bourse où la liquidité fait quasiment défaut sur le compartiment obligataire, renforcer la liquidité du compartiment actions est une priorité plus urgente que l’accroissement des candidats à la cote de la bourse.

Source: Tustex.

 


                                    

                                  
L’épineuse question de la liquidité de la cote de la bourse.