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La BCT justifie le dernier emprunt obligataire contracté par la Tunisie
Tunisie - Économie 06.02.2015

L'emprunt
obligataire de 1 milliard de dollars obtenu par la Tunisie sur le marché
financier international augmenterait son taux d'endettement de 2,2% du PIB.
Ce
taux, qui s’établissait 51,6%, à fin 2014, s’établirait donc, après
l’encaissement de ce prêt, à 53,8%. Dans une note d'information sur cette
émission obligataire, dont les conditions ont été très critiquées par les
experts économiques et financiers, la Banque centrale de Tunisie (BCT) a
précisé que «les remboursements liés à l'emprunt obligataire seront de 56
millions de dinars (MD) en 2015. Il s'agit simplement d'intérêts qui seraient
payés au cours de second semestre de l'année en cours. Ce paiement aurait un
impact de 0,1% sur le ratio de la dette par rapport aux recettes courantes de
cette année».
L'Institut
d'émission a fait savoir aussi que «pour toute la période, 2016-2025, les
montants à payer concerneraient les intérêts uniquement et représenteraient
environ 0,3% des recettes courantes actuelles».
L'emprunt
est de type 'Bullet', c'est-à-dire que la Tunisie va payer en bloc, en 2025, un
montant portant sur le principal de 1 milliard de dollars, en plus des
intérêts.
La
BCT a voulu ainsi «éclairer l'opinion publique tunisienne», après la
multiplication des critiques acerbes à l'encontre de cet emprunt de la part des
politiques et des experts. Elle invoque 5 arguments pour justifier le lancement
de cet emprunt.
D’abord,
«l'aggravation du déficit budgétaire tunisien en 2015, qui atteindra le chiffre
record de 7,5 milliards de dinars».
Ensuite,
«les incertitudes planant sur le déboursement en 2015 des financements au titre
de l'appui budgétaire en provenance des trois institutions multilatérales majeures
(Banque Mondiale, Fonds monétaire international et Banque africaine de
développement) ainsi que de l'Union européenne, et qui avaient joué un rôle
important dans le financement du déficit budgétaire tunisien au cours des
années 2011, 2012 et 2013».
Troisième
argument : «les incertitudes à propos de la réalisation en 2015 d'une émission
de sukuks souverains de l'ordre de 1 milliard de dollars, comme l'échec de
l'expérience tentée en 2014, le prouve».
Quarto,
«le besoin de renforcer le stock de nos avoirs en devises pour faire face aux
dépenses croissantes, libellées notamment en dollar, et de stabiliser le taux
de change du dinar». La BCT signale, à ce propos, que le produit de l'émission
obligataire a permis «de consolider les avoirs nets en devises du pays pour les
porter à un chiffre record jamais atteint dans l'histoire de la Tunisie, soit
plus de 15 milliards de dinars ou l'équivalent de 129 jours d'importation».
Quinto,
«le renforcement de la part de la dette extérieure tunisienne à moyen et long
termes (10 ans et au-delà), que l'émission pouvait assurer».
La
BCT avance deux autres arguments pour justifier le lancement de cette émission
obligataire sans garanties publiques extérieures, c'est-à-dire basée sur le
seul risque tunisien. D'après elle, «il est peu probable de reconduire des
émissions obligataires tunisiennes en devises avec des garanties publiques
étrangères (USA, Japon ou autres), en 2015. Ce type de garanties, qui était
disponible par le passé, n'est pas évident aujourd'hui».
L'Institut
d'émissions considère, aussi, qu'il y a un besoin de tester, dès 2015, le
retour de la Tunisie sur les marchés des capitaux internationaux «sans
béquilles» (sur la base du seul risque tunisien).
«Le
mois de janvier 2015 est particulièrement propice au retour de la Tunisie sur
les marchés financiers internationaux, du fait du niveau très bas des taux
d'intérêt actuels aux Etats-Unis et en Europe et des perspectives
quasi-certaines d'un resserrement des taux d'intérêt américains et européens au
plus tard, à compter du début du second semestre 2015», ajoute la BCT, estimant
qu’«un recours différé de notre retour sur les marchés des capitaux étrangers
risque de nous coûter beaucoup plus cher. L'argumentaire développé, ici et là,
qui plaide en faveur d'une sortie, plus tard, sur les marchés de capitaux
étrangers traduit, pour le moins, une méconnaissance de la réalité des marchés
financiers».
La
BCT a évoqué, également, la nécessité de prendre en compte les besoins de
financement du budget de l'Etat au cours du 1er trimestre 2015. Il s'agit de
doter le budget de ressources – y compris pour le remboursement par l'Etat, ce
mois de février 2015, de plus de 700 MD d'obligations du trésor échues.
Le
relèvement du montant de l'émission à 1 milliard de dollars, alors que le
montant initialement prévu était entre 500 millions et 700 millions de dollars,
est expliqué par deux raisons, par la BCT.
D'abord,
«la tournée de la promotion de l'émission auprès de quelques 80 investisseurs
internationaux de renom, à Londres, à Los Angeles, à New-York, à Munich et à
Paris, s'est conclue par des offres de souscription à l'emprunt tunisien de
plus de 4 milliards de dollars, soit entre 5 fois et 8 fois le montant initial
de l'émission. Un engouement sans précédent pour la dette souveraine
tunisienne, d'autant plus remarquable que le risque tunisien était seul en
jeu».
Ensuite,
«pareil engouement de la part de financiers méfiants et prudents, ne pouvait
être qu'un vote de leur part pour l'avenir de la Tunisie nouvelle».
Réagissant
aux critiques formulées par un nombre d'experts, selon lesquelles le taux de
remboursement de l'emprunt (5,75%) dépasse de loin le taux de croissance
(2,5%), la BCT a précisé que «ce qui devrait être comparé, c'est le coût moyen
de l'endettement total de la Tunisie avec le taux de croissance économique, non
pas sur une année donnée, mais sur une période de temps plus longue. Plus encore,
l'évolution du déficit courant devrait aussi être prise en compte».
La
BCT a, enfin, convenu que ce taux (5,75%) est plus élevé que celui consenti
pour des émissions conclues en 2014, mais ces dernières étaient assorties d'une
garantie gouvernementale étrangère.
En
contrepartie, cette opération d'émission va permettre de constituer un book
d'investisseurs étrangers influents et d'attirer les investissements directs
étrangers, qui manquent à la Tunisie, ainsi que de s'ouvrir sur les marchés de
capitaux étrangers, vecteur essentiel pour accélérer le processus d'émergence
économique et de se libérer progressivement des contraintes des financements
multilatéraux pas toujours adaptés aux besoins d'une croissance forte et
durable, estime encore la BCT.
TAP
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