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Reprise modérée et chômage persistant
Tunisie - Économie 18.12.2014
Les prévisions du FMI restent plausibles dans leur ensemble.
Elles sont quelque peu injustes avec la Tunisie pour l’année 2015, qui verrait
enfin le retour de la stabilité politique et, qui sait, une accalmie sociale.
La Tunisie pourrait travailler plus et mieux et serait de ce fait plus
attirante pour les IDE. N’est-ce pas qu’il fallait accorder un bonus à la mise
à feu de la deuxième République ?
Les projections économiques du Fonds monétaire international
(FMI) ont un caractère de sentence. L’on se souvient qu’en octobre 2012, David
Lipton, DGA du Fonds, nous annonçait un taux de croissance de 3% pour l’année
2013. On a fini l’année avec 2,8%. Et les sentences peuvent connaître, au gré
des soubresauts de la conjoncture, des aggravations de peine. Et, c’est
notamment le cas avec la révision du taux de croissance mondial pour 2014, qui
est rabaissé de 3,6 à 3,3%.
Les experts du Fonds ne seront jamais des liseurs de bonne
fortune, il faut s’y faire. Et Georgia Albertin, représentante permanente du
Fonds en Tunisie, n’a pas dérogé à la règle. Les mêmes prévisions austères ont
régné sur la séance de présentation du scénario de croissance pour l’année 2015
qu’elle a exposées, en présence du ministre de l’Economie et des Finances et du
gouverneur de la BCT, lundi 8 courant.
Un nouveau bloc géographique
Ce sera 3,8% en moyenne mondiale. Damned on ne peut pas parler
d’une embellie! Ce n’est pas avec ce palier bas qu’on va bouleverser la carte
économique du monde. Et, à ce propos, Christine Lagarde, exaspérée par la
morosité ambiante, parlera d’un nouveau médiocre, rappelle Chedly Ayari.
L’Europe, notre principal partenaire, est moins bien lotie avec 1,4% après une
année 2014 qui traîne les pieds avec un maigre 0,8%. En face, un léger mieux
pour les pays émergents crédités d’un taux de 5%, bien loin des records
d’avant. Plus proche de nous dans la région MOANAP, là où le FMI nous loge
désormais, les oracles annoncent un taux moyen de 3%.
Déjà qu’on était mal assis dans le bloc Middle East North Africa
(MENA), nous voilà engloutis au sein d’une extension géographique dite
Moyen-Orient-Afrique du Nord-Afghanistan-Pakistan (MOANAP). Au sein de ce
nouveau bloc, nous avons les faveurs des pronostics avec 3,7%, ce qui est
supérieur à l’average du groupe.
Georgia Albertin annonce qu’en 2015 le pays verrait les
exportations relever le nez et tirer la croissance à la place de la
consommation interne. Mais ce n’est pas pour autant que nous tirerons notre
épingle du jeu car le chômage restera élevé à plus de 16%.
La question de l’énergie restera la ligne de démarcation entre
les Etats de la région
Notre propos n’est pas de revenir sur les prévisions du FMI.
Qu’on se le dise bien, ces dernières restent plausibles. Nous observons
toutefois que les experts du Fonds partagent MOANAP en deux groupes de pays.
D’un côté, les importateurs d’énergie, de l’autre, les exportateurs. Il se
trouve que le Fonds nous loge tous à la même enseigne. Les pays exportateurs
seront pénalisés par la baisse des cours. Et, c’est bien naturel car leurs
recettes vont baisser et leurs budgets seront soumis à des fortes pressions.
L’ennui est qu’il n’y aura pas d’effet d’aubaine pour les pays importateurs non
plus, car leurs monnaies se sont dépréciées, ce qui aboutit à un nivellement de
la chute des cours! La faute à “c’est pas de chance“.
Outre cela, le Fonds ne retient pas d’autres éléments saillants.
Nous ne partageons pas ce rétrécissement d’horizon. Et, nous y reviendrons.
Mais au préalable, il faut souligner un effet d’expertise nationale qu’il ne
faudrait pas passer sous silence.
La
production locale d’une information économique fiable
Quelques jours avant la publication des prévisions du FMI se
tenait la 29ème édition des Journées de l’entreprise. Une étude économique
intitulée “croissance potentielle et création d’emploi“ a été exposée à cette
occasion. Elle a été réalisée par trois universitaires tunisiens, en
l’occurrence les professeurs Sofiane Ghali, Samy Moulay et Sami Rezgui.
L’étude annonçait un taux de croissance effective de 3,8%. Nous
étions donc au même palier que le FMI. L’avantage est que les universitaires
annonçaient une croissance potentielle de plus de 5,6%, et une productivité
moyenne des facteurs de 3,3%. Il faut souligner que cela laisse une possible
marge d’amélioration de la relance économique. Et ce qui nous réconforte
davantage, c’est que pour un point de croissance, on crée plus de 22.000 postes
d’emploi. Cela fait tout de même une différence de probabilité d’éclaircie par
rapport aux chiffres crus du FMI.
On se félicite de ce que des compétences locales puissent
produire de l’information économique fiable et crédible à domicile. On peut
toujours nous objecter que le phénomène n’est pas nouveau, mais c’est bien de
rappeler que le système d’information associatif soit à ce niveau de
compétences.
Le FMI
nous prive d’une prime à la stabilité
Toutes choses égales par ailleurs, le FMI a omis de nous
créditer d’un bonus, qui saute pourtant aux yeux. Tout le monde sait que le 21
décembre la Tunisie élira le président de sa toute jeune deuxième République,
et que le 22 au matin tout le dispositif institutionnel de l’Etat démocratique
de la Tunisie sera opérationnel. Cet élément est capital pour cette start-up
démocratie. Et le FMI a été chiche en la matière occultant le boost
d’investissement que cela pourrait apporter au pays. Cette prime à la stabilité
a manqué dans le rapport du Fonds et nous le regrettons.
WMC
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