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La réforme bancaire, mode d’emploi
Tunisie - Économie 30.07.2014
"Nous sommes déterminés à rattraper le temps perdu, tant
avant qu’après le 14 janvier 2011. En étroite collaboration avec tous nos
partenaires“. C’est en gros le message adressé par le gouvernement aux
bailleurs de fonds internationaux, le 18 juin dernier, lors de la «conférence
des partenaires» dédiée à la présentation des «nouvelles orientations
stratégiques de l’intervention publique dans le financement de l’économie».
Rattraper le temps perdu, car, comme l’a souligné Hakim Ben
Hammouda, ministre de l’Economie et des Finances, le dossier de l’intervention
de l’Etat dans le secteur bancaire ne date pas d’aujourd’hui. «Les réformes
attendues pour renforcer les banques ont toujours été présentes dans le débat
public, mais peu a été fait». D’où la décision de l’actuel gouvernement de
«traiter ce dossier de manière énergique» pour mettre en exécution les cinq
axes de la réforme (restructuration des grandes banques publiques, création de
l’Asset Management Company –AMC- qui doit reprendre les créances classées de
ces banques, transformation et renforcement de la Caisse des Dépôts et
Consignation –CDC- pour en faire le bras financier de l’Etat, rénovation de la
BFPME et développement de la microfinance).
Le timing de ce chantier n’est pas fortuit. Les Tunisiens étant
bien lancés, selon le mot de Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de
Tunisie (BCT), pour «se doter d’un nouveau contexte politique qui nous a fait
défaut pendant trois ans», et ayant entamé la préparation «des grandes lignes
du nouveau modèle de développement», le pays doit se donner les moyens, sur le
plan économique, de retrouver une croissance économique «forte, durable,
inclusive, et solidaire». Car, «sans croissance économique, aucune démocratie
ne pourra survivre».
Pour retrouver la croissance, «il faut produire, et pour produire,
il faut investir, donc trouver de l’argent et, par conséquent, réformer le
secteur bancaire». «Nous nous sommes donné jusqu’en 2017 pour phaser ce
processus au bout duquel nous aurons un nouveau système grâce à un travail
collectif, y compris avec les bailleurs de fonds», souligne le gouverneur de la
BCT. Un système financier qui «réponde aux besoins divers de l’économie
tunisienne, avec toute la panoplie» de produits et services qu’un tel système
doit offrir à l’économie d’un pays. «Un système dans lequel l’Etat n’aura plus
le même rôle que par le passé. Il sera un Etat facilitateur et non plus un Etat
banquier», précise le gouverneur.
C’est donc parti. «Il y aura des difficultés, mais ce sera
irréversible», assure M. Ayari. Dans le système à venir, «on n’aura plus
également la confrontation public#privé. Il y aura une synergie entre les deux
secteurs, mais il faudra inventer le modèle».
Ce chantier doit «ouvrir le système bancaire tunisien sur la
modernité». Et pour ce faire, il faudra instaurer une «gouvernance moderne,
c’est-à-dire décider de la manière de nommer un président, des organes à mettre
en place». Surtout, estime le gouverneur de la BCT, il va falloir apprendre à
«sanctionner les réussites et les échecs, car il ne doit pas y avoir de
situation de rente dans le secteur bancaire».
Cela impose de «passer par un processus d’assainissement». A ce
sujet, Chedly Ayari affirme que le gouvernement a opté pour «une approche
évolutive». «Il n’y aura pas de Bing bang».
Enfin, «il ne faut pas que le projet soit imposé mais vendu à
l’ensemble de la société qui doit se l’approprier».
Source: WMC
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