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La BCT préocuppée par la montée des risques sur les équilibres financiers internes et externes
Tunisie - Économie 26.06.2014
Au début de ses travaux, le Conseil a examiné les évolutions
récentes de la conjoncture internationale et a pris connaissance, notamment,
des dernières données sur la croissance économique mondiale publiées par la
Banque mondiale durant le mois en cours.
. En effet, une accélération du rythme de la croissance de
l’économie mondiale est attendue durant l’année en cours pour atteindre 2,8% et
3,4% l’année prochaine, grâce à la reprise au niveau des pays développés, alors
que la croissance demeurerait en deçà des attentes dans les pays en développement
qui devraient, selon les recommandations de la Banque, entamer les réformes
structurelles nécessaires. En outre, le Conseil a noté la hausse récente des
prix internationaux du pétrole ayant atteint 114 dollars après une période de
stabilisation sous le seuil des 110 dollars le baril et ce, en rapport avec les
tensions géopolitiques; ce qui aurait pour effet d’accentuer les pressions sur
les équilibres financiers du pays.
Egalement, le Conseil a examiné, sur le plan national, les
dernières prévisions de la Banque mondiale de la croissance économique en
Tunisie et qui dénotent des prémices d’une évolution positive de la conjoncture
nationale comme en témoigne le relèvement du niveau de la croissance économique
par rapport aux prévisions parues en janvier 2014, soit de 2,5% à 2,7% pour
l’année en cours et de 3,3% à 3,5% pour 2015 contre des prévisions de 2,8% et
3,5%, respectivement, pour le FMI et 2,3% réalisés en 2013.
Sur le plan sectoriel, et grâce aux conditions climatiques
favorables ayant marqué l’actuelle saison agricole, la récolte céréalière
devrait atteindre 24,5 millions de quintaux contre des prévisions antérieures
de 22 millions de quintaux, et 13 millions réalisés la campagne précédente.
Toutefois, pour le secteur industriel, l’indice de la production a enregistré
un repli en mars 2014 (-0,8% en glissement annuel), sous l’effet de la
contraction de la production aussi bien dans les industries manufacturières que
non-manufacturières et ce, parallèlement à la baisse de la plupart des
indicateurs avancés de l’activité dans le secteur au mois de mai de la même
année. Egalement, et concernant le secteur des services, les principaux
indicateurs de l’activité touristique ont accusé un repli en mai 2014 par
rapport au même mois de l’an passé, alors que le transport aérien a enregistré
une nette reprise.
Pour ce qui est du secteur extérieur, le Conseil a exprimé de
nouveau son inquiétude quant à la poursuite de l’élargissement du déficit
courant ayant atteint 4,6% du PIB au cours des cinq premiers mois de 2014
contre 3,9% pour la même période de 2013, sous l’effet surtout de la poursuite
de la détérioration du déficit des échanges commerciaux avec l’extérieur
notamment pour l’énergie et les produits alimentaires, malgré la légère
contraction des importations de ces derniers, ce qui a engendré, en conjugaison
avec le repli des entrées au titre des investissements extérieurs, la
persistance des pressions sur le niveau des avoirs nets en devises qui est
revenu à 10.555 MDT ou l’équivalent de 94 jours d’importation, en date du 24
juin courant, contre 106 jours au terme de l’année 2013.
Au niveau de l’évolution des prix, le Conseil a exprimé ses
craintes quant à l’apparition de signes de résurgence des tensions
inflationnistes après une certaine période de détente. En effet, l’indice
général des prix à la consommation a poursuivi sa hausse en mai 2014 pour le
deuxième mois consécutif pour atteindre 5,4% en glissement annuel contre 5,2%
le mois précédent, sous l’effet de l’accélération des prix des produits alimentaires,
des produits manufacturés et des services.
En revanche, et lors de l’analyse de l’évolution de l’activité du
secteur bancaire, le Conseil a noté une amélioration du rythme d’accroissement
des dépôts durant les cinq premiers mois de 2014 (2,7% contre 1,2% pour la même
période de 2013), accompagné d’une évolution plus rapide des concours à
l’économie durant la même période (3,8% contre 3% l’an passé).
S’agissant des dernières évolutions monétaires, le Conseil a
relevé l’accroissement des besoins en liquidités des banques à un rythme
accéléré au cours du mois de juin 2014, ce qui a entraîné une intervention de
la Banque Centrale pour réguler la liquidité à hauteur de 5,6 milliards de
dinars en moyenne quotidienne, jusqu’au 24 du même mois, contre 5,3 milliards
en mai dernier. Parallèlement, le taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire
s’est établi à 4,73%, au cours de la même période, contre 4,70% le mois
précédent.
Sur le marché des changes, le Conseil a souligné la dépréciation
de la valeur du dinar, durant le mois de juin courant, vis-à-vis de l’euro et
du dollar américain avec des taux de change atteignant 2,2805 dinars et 1,6654
dinar, au 23 du même mois (-2,4% et -1,9%, respectivement). Par rapport au
début de l’année, la valeur du dinar a baissé de 1,1% par rapport à l’euro et
de 0,6% contre le dollar. Ainsi, cette tendance baissière du taux de change du
dinar au cours des derniers mois a eu pour effet d’absorber l’appréciation de
la valeur du dinar enregistrée durant le premier trimestre de 2014.
A la lumière de ces évolutions, le Conseil a rappelé la montée des
risques sur les équilibres financiers internes et externes avec la dégradation
continue de la situation du secteur extérieur qui pourrait s’aggraver davantage
au cours des prochains mois parallèlement au retour des tensions
inflationnistes en raison de multiples facteurs dont l’augmentation des coûts
salariaux et la baisse de la productivité outre l’orientation à la hausse des
prix des produits importés. Aussi, le
Conseil appelle-t-il toutes les parties prenantes à prendre leurs
responsabilités et à contribuer aux efforts visant la reprise du rythme de
l’activité économique et l’atténuation des déséquilibres financiers.
Egalement et afin de contenir les effets de la hausse de l’inflation
et son impact sur la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen, le Conseil a
décidé de relever le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale de 25
points de base pour le porter à 4,75%.
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