Actualités
EVERTEK: Sa naissance et son avenir racontés par son PDG
Tunisie - Bourse 13.02.2014
EVERTEK: L’une des marques dont le nom revient
beaucoup ces derniers temps.
Cela est dû à l’actualité de la marque, dont
l’entreprise CELLCOM vient d’intégrer la bourse de Tunis, mais aussi à ce que
représente cette marque, 100% Tunisienne, en termes de challenges relevés.
Interview de Monsieur Ben Rhouma PDG de
CELLCOM
Pouvez-vous vous présenter et
nous parler de votre parcours pour enfin arriver à la tête de Cellcom ?
Je suis Mohamed Ben Rhouma,
j’ai 42 ans, marié et père de deux enfants.
J’ai eu mon Baccalauréat en 1991, section sciences, et suis parti étudier aux Etats-Unis pour rentrer en 1996 avec un « Bachelor in Management & Marketing ». J’ai commencé, alors, à travailler au sein de l’entreprise familiale avec mon père en tant que directeur commercial et cogérant de « établissement Habib Ben Rhouma MAC », une usine de textile spécialisée dans la fabrication de cravates.
J’ai aussi été chargé, en parallèle, de la responsabilité de
directeur des exports chez la société « Al Mouhawel » jusqu’en 2001.
En cours de route, j’ai aussi crée « MBR Clothing », qui est une
entreprise de « retail » pour femmes.
En 2001, j’ai lancé le site internet promotion.com.tn,
réunissant toutes les promotions proposées par plusieurs enseignes, et qui a
ensuite évolué en boite de communication.
Enfin, je suis actuellement, et depuis 2002, gérant de
Cellcom.
Cellcom était, à la base, un
distributeur local pour des marques connues. Comment le distributeur s’est
retrouvé fabriquant de téléphones mobiles sous sa propre marque, EVERTEK ?
Je vais vous raconter l’histoire de la naissance d’EVERTEK
comme je l’ai vécue.
Tout est parti d’une idée simple: une entreprise qui
n’est pas rentable ferme à terme. Le rôle d’un entrepreneur dans ce cas est de
garantir la survie de son entreprise, en trouvant des solutions pour rétablir
sa rentabilité. EVERTEK a vu le jour, principalement, parce que Cellcom
passait par une période difficile. A l’époque, nous étions distributeurs
Motorolla, et la marque n’était plus très demandée. Il fallait donc trouver des
solutions pour sauver l’entreprise, et nous avons donc opté pour la
diversification des produits.
En même temps, notre expérience au sein de Cellcom nous a
fait comprendre qu’en représentant des marques, nous n’étions pas certains
d’enregistrer des bénéfices, et donc de protéger notre entreprise. D’ailleurs,
même si nous en enregistrions, ils ne seraient pas très conséquents vu que les
marques raflent la grande majorité des bénéfices générés par leurs produits et
fixent généralement elles-mêmes les « Price Construction », ce qui ne
laisse pas de grandes marges de manœuvre aux distributeurs.
Le hasard a ensuite voulu, en pleine période de recherche
de nouveaux produits pour Cellcom, qu’un ami m’appelle d’Espagne, pour me
proposer le rachat d’un stock de lecteurs DVD Akai.
Ce n’était pas notre domaine d’activité, mais après une
petite recherche, nous nous sommes rendus compte que les prix proposés étaient
excellents et avons donc décidé de lui racheter tout le stock, que nous avons
très vite réussi à revendre. En nous retrouvant, ainsi, engagés dans le segment
des lecteurs DVD, nous avons voulu acquérir un second stock auprès de la même
personne, mais nous nous sommes rendu compte qu’en faite le premier stock était
le dernier, et que le prix était bas car l’opération se déroulait dans le cadre
d’une liquidation. Il fallait donc trouver d’autres fournisseurs.
Nous sommes enfin tombés sur la marque NORTEK, une
société italienne, avec qui nous avons réalisé une série d’importations,
jusqu’au jour où ils ont voulu augmenter leurs prix, ce qui ne nous convenait
pas du tout. Cette expérience nous a été cruciale dans le sens où c’est là que
nous avons compris que NORTEK était certes une marque italienne, mais qu’elle
faisait fabriquer ses produits en Chine.
Nous nous sommes donc, tout naturellement, demandés
pourquoi eux pouvaient le faire et pas nous, et le challenge était lancé,
EVERTEK allait naitre. Le nom est d’ailleurs inspiré du slogan
« Technology Forever », proposé lors de l’un de nos brainstormings
internes. Cela s’est passé en 2006, et le premier produit EVERTEK a
naturellement été un lecteur DVD.
EVERTEK a donc été le fruit d’un besoin vital de
diversification de produits, allié à un challenge que nous nous sommes lancés,
par la force des choses, et a une grande confiance en nous et en notre
entreprise.
Par contre, la production de lecteurs DVD est un jeu
d’enfants comparée à la téléphonie mobile, vu le nombre de certifications à
passer, et la qualité des produits qui doit être d’un certain standard pour
rester concurrentielle, nous obligeant ainsi à nous fournir chez les meilleurs
fabricants.
Est-il possible de voir, un
jour, les produits EVERTEK fabriqués en Tunisie ?
EVERTEK est devenue une marque connue grâce à la
téléphonie mobile, mais la marque comprend beaucoup d’autres produits comme les
lecteurs DVD, les fours à micro ondes, les machines à laver ou encore les
lave-vaisselle. Pour ce qui est des téléphones, il est actuellement impossible
de le faire en Tunisie parce qu’il faut tout un écosystème favorable à cela.
Par contre, cela pourrait être possible dans le futur pour les climatiseurs et
autres réfrigérateurs EVERTEK…
Dans les régions?
Oui pourquoi pas, si l’infrastructure est au rendez-vous
d’ici là.
L’actualité d’EVERTEK en ce
moment c’est principalement son introduction en Bourse. En êtes- vous satisfaits ?
Oui, j’en suis satisfait. Nous avons intégré la
bourse dans une période difficile, vu qu’il y avait plusieurs introductions
presque en simultané. Nous avons quand même eu une offre souscrite plus de 2
fois. Nous pouvons nous estimer chanceux comparés à d’autres introductions.
4000 souscripteurs c’est pas mal aussi, par rapport aux
autres opérations d’introduction en bourse en cours, mais je me dis que si
l’opération avait eu lieu dans un autre contexte, elle aurait eu encore plus de
succès.
Il est à noter que la première cotation de la société Cellcom sur le
marché principal de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis s’effectuera le
jeudi 20 février.
Conseillez-vous aux entreprises
de la même envergure que Cellcom de suivre la même procédure et de s’introduire
en bourse ?
Oui, j’encourage les chefs d’entreprises Tunisiennes à
franchir le pas et à introduire leurs sociétés en bourse et ce pour beaucoup de
raisons. Pour commencer, une entreprise qui intègre la bourse est forcement
obligée à être transparente et à améliorer sa gouvernance, ce qui ne peut être
que bénéfique pour une entreprise. Puis, tout le monde sait qu’après la
révolution, il est devenu compliqué pour une entreprise de se diriger vers les
banques pour des prêts, et c’est donc une solution alternative pour lever des
fonds.
De plus, l’introduction de sociétés en bourse dynamise le
marché. Cela donne aussi l’opportunité aux Tunisiens de faire des économies
différemment en investissant leur argent au lieu de le laisser en banque.
Au niveau de l’impact des introductions en bourse sur
notre économie, je pense que plus il y aura d’entreprises cotées et mieux ce
sera. La valeur de capitalisation de notre bourse locale est encore négligeable
par rapport à ce qui se passe ailleurs, mais elle augmente d’introduction en
introduction, se rapprochant du seuil radar des bourses et investisseurs
internationaux. Nous en sommes encore très loin, mais plus la valeur de notre
bourse augmente, et plus la taille des investisseurs intéressés augmentera.
Par contre, nous avons, en Tunisie, un problème de mentalité chez nos souscripteurs, car beaucoup ne sont là que pour la spéculation, ce qui nuit aux entreprises cotées. Les actions sont achetées pour être gardées une semaine ou un mois, et des entreprises fraîchement intégrées à la bourse s’étant vues souscrites plusieurs fois, se retrouvent avec des actionnaires qui veulent vendre au bout d’un très court délais.
Warren
Buffet, l’investisseur par excellence l’a d’ailleurs dit: “ If you aren’t thinking about owning a stock for ten
years, don’t even think about owning it for ten minutes.”
Il faut donc apprendre à investir à long terme, en ayant
foi en les entreprises dans lesquelles nous investissons.
Cellcom c’est plus de 1000
points de vente, plus de 15% de parts de marché en Tunisie, un chiffre
d’affaires de plus de 32 MD, et une vraie ambition de s’étendre au Maghreb et
en Afrique. Pouvez- vous nous révéler votre Timeline d’expansion ?
A vrai dire et pour ne rien vous cacher, j’étais au Maroc
la semaine dernière, où les choses vont bon train, et où j’ai eu
l’occasion de rencontrer quelques partenaires, et aussi des commissaires aux
comptes. Nous allons lancer nos activités là-bas incessamment, le temps de
prendre quelques décisions stratégiques importantes, comme celle d’avoir un
partenaire local marocain au niveau de la structure, ou plutôt nous orienter
vers une structure 100% Tunisienne. Dans tous les cas, le Maroc sera le premier
pays dans lequel nous allons nous étendre. Cela se fera avant la fin du premier
trimestre 2014.
En parallèle, nous continuons nos recherches de
distributeurs potentiels dans plusieurs destinations africaines.
Les pays les plus intéressants sont ?
Sur notre Timeline, le premier que nous ciblons est le
Maroc, ensuite viendra la Lybie, si les choses se stabilisent là-bas, surtout
que nous avons toujours un stock sur place. Nous avons aussi la Mauritanie et
l’Algérie dans le viseur pour de prochaines opérations, et sommes actuellement
en négociations avec plusieurs distributeurs dans des pays africains.
Lors de cette expansion dans de
nouveaux pays, la marque compte-elle investir dans le Marketing pour se faire
un nom sur ses nouveaux marchés ciblés ? Pouvons-nous voir des campagnes à la
SAMSUNG dans un futur proche ?
La marque de fabrique d’EVERTEK et l’un de ses points
forts c’est de s’être fait une place parmi les ténors du marché local, sans
pour autant disposer d’un budget conséquent, ou investir une fortune dans la
promotion de ses produits. Au lieu de cela, nous préférerons avoir recours à
des méthodes SMART et peu coûteuses, mais qui ont démontré leur efficacité.
Grâce aux réseaux sociaux par exemple, il est facilement
possible de promouvoir une marque, sans pour autant dépenser de budget
faramineux, en alliant créativité et innovation.
Pour nos lancements dans de nouveaux pays, nous
utiliserons les mêmes formules que nous avons appliqué en Tunisie et qui ont
marché, ponctuées de campagnes de plus grande envergure.
Prévoyez-vous des solutions de
e-commerce pour augmenter vos ventes en Tunisie, et pourquoi ne pas vous ouvrir
vers l’étranger à travers le Web ?
Nous allons lancer notre site de vente en ligne très
prochainement en Tunisie, ce n’est qu’une question de semaines. La plateforme
est d’ailleurs déjà prête et nous attendons encore quelques procédures pour
enfin pouvoir nous lancer dans l’aventure e-commerce.
A l’international, pouvoir compter sur l’e-commerce
serait un excellent outil d’expansion, mais plusieurs problèmes d’ordre
douanier et concernant la réception de l’argent et la livraison des produits
subsistent. Nous essayons d’étudier toutes les possibilités et options pour
faire le meilleur des choix.
Pour finir, avez-vous quelque
chose à rajouter, ou un message à adresser à nos lecteurs ?
Mon message à votre audience, aux entrepreneurs, et aux
Tunisiens en général c’est d’y croire !
Les entrepreneurs Tunisiens et l’industrie Tunisienne en
général sont passés par une étape qui a assez duré et qui a été caractérisée
par la prédominance des activités de sous-traitance.
Le marché est saturé par les distributeurs et toutes les
grandes marques ont presque des représentants en Tunisie, ce qui crée une
concurrence très rude, mais dont les bénéfices ne sont pas tirés par les
acteurs locaux.
Nous avons, entrepreneurs Tunisiens, assez voyagé,
assisté à des forums et expositions et collaboré avec de grandes marques pour
bien connaitre les rouages du système et apprendre à exposer, proposer et
vendre nos produits, et nous avons assez sous-traité pour gagner l’expertise et
les connaissances nécessaires pour créer des produits concurrentiels et de
qualité. Il est donc arrivé le moment de foncer et de créer nos propres marques
dans tous les domaines.
Cela permettra à nos entreprises de collecter les
bénéfices générés par leurs propres produits, étape nécessaire selon moi pour
pouvoir lancer notre économie dans une dynamique de création de richesses qui
permettra à terme de réellement absorber le chômage et de solutionner nos
problèmes économiques.
Je prends l’exemple du tourisme. Nous avons toujours été
à la merci de tours opérateurs étrangers qui ont fait la pluie et le beau temps
de nos hautes saisons. Si les investisseurs du secteur et les innombrables
propriétaires hôteliers se décidaient enfin à s’allier pour bâtir notre propre
tour opérateur national, ils ne se retrouveraient plus dans la position de
sous-traitants attendant que l’un des tours opérateurs vienne sauver la saison.
Il serait plutôt dans la position de ceux qui proposent une destination et un
service, avec des produits très variés et riches et une capacité conséquente.
Pour conclure et résumer, nous Tunisiens avons besoin de
3 choses, selon moi, pour réussir à redresser notre pays. La première étant la
confiance en nous mêmes et en nos capacités. La seconde est de devenir
créateurs et non pas uniquement consommateurs, en créant justement nos propres
marques et de la valeur ajoutée. Finalement, la 3ème chose, qui n’est pas des
moindre, est la productivité. Nous devons apprendre à nous investir corps et
âmes dans notre travail, il faut que tout le monde travaille avec conscience
pour arriver un jour à avoir une Tunisie meilleure, capable d’offrir des
opportunités à tous ses enfants.
Source: Business Flood
------------
© 2014, MENA
Capital Partners tous droits réservés. Les informations et statistiques
contenues dans ce document ont été préparées par MCP sur la base de
renseignements provenant de sources considérées comme fiables. Malgré nos
efforts pour mettre à disposition des informations précises, leur conformité et
leur exactitude ne peuvent être garanties. Cette publication est destinée à
l'information des investisseurs et ne constitue pas une offre de vente ou
d'achat de titres.