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Mehdi Jomaâ devrait auditer la situation économique et financière à fin 2013
Tunisie - Économie & Politique 20.01.2014
Les experts économiques estiment que Mahdi Jomâa devrait peut-être procéder à un audit financier et surtout budgétaire par un bureau spécialisé ou une commission de techniciens neutres. Après tout, la centrale patronale a subi toutes ces mesures justifiées par un besoin de s’assurer de sa transparence et sa bonne gestion financière, pourquoi pas les gouvernements successifs tant que nous y sommes?
Pourquoi un audit ?
Pour les experts consultés à ce propos, l’audit servirait à
définir les priorités du nouveau gouvernement, délimiter les marges de manœuvre
dont il dispose et lesquelles, reconnaissons-le, sont pratiquement chimériques,
pour agir dans le temps qui lui est imparti.
Un audit représente également l’un des attributs de la neutralité
et de l’objectivité dont doit se prévaloir le gouvernement qui sera en exercice
au vu non seulement de l’agenda politique mais surtout socio-économique.
Un sondage publié tout récemment par l’IRI place en haut des
priorités des Tunisiens l’emploi suivi de la cherté de la vie. Leur dernier
souci est la Constitution, ce qu’elle inclut et ce qu’elle offre aux
générations futures. C’est dire à quel point le populisme politique a été
porteur. La prétendue révolution aurait eu lieu, outre le problème du chômage,
pour des idéaux de liberté et de démocratie. Et voilà qu’aujourd’hui, ces idéaux
sont pour nombre de Tunisiens quantité négligeable face à plus important:
travailler et satisfaire aux besoins vitaux.
Le rôle du nouveau gouvernement ne devrait pas, par conséquent, se
limiter à réparer les dégâts causés par ses prédécesseurs et organiser les
élections. Il s’agit tout d’abord d’éclairer l’opinion publique sur les actions
des gouvernements à sensibilités différentes qui se sont relayés sur le pouvoir
depuis 2011 et qui comptent se présenter aux prochaines élections.
Mieux encore, il doit user d’un langage franc et sincère avec les
Tunisiens évitant les fausses promesses, la division (al fitna) ou encore les
discours dépassés dans le temps et l'espace.
. Edgar
Morin, directeur de recherche au CNRS en France a déclaré un jour: «A force de
sacrifier l'essentiel pour l'urgent, on finit par oublier l'urgence de
l'essentiel».
Selon nombre de partis politiques dans notre pays, l’urgent est de
se repositionner sur l’échiquier électoral, que l’essentiel soit le fait de
remettre la Tunisie sur les rails importe peu…
Une situation économique et financière critique
Mehdi Jomaâ devrait établir un audit rien que pour ne pas endosser
la responsabilité de ce qu’il n’a pas fait. Ses marges de manœuvre sont
devenues très réduites: la Tunisie a d’abord perdu tout accès au marché
financier international, la dette publique a augmenté de dix points de PIB en
trois ans pour avoisiner les 50% seuil trop élevé pour un pays comme le nôtre.
«Les gouvernements successifs ont utilisé 1,9 milliard de dinars des produits
de la vente de 35% de Tunisie Télécom (900 MDT en 2012 et 1milliard de dinars
en 2013) que le gouvernement d’avant 2011 gardait pour renforcer
l’infrastructure et surtout financer la construction des autoroutes vers Gafsa,
Kasserine et Kairouan. Un déficit budgétaire de 9% en 2013 et un déficit
commercial de 12 milliards de dinars en 2013 -du jamais vu dans l’histoire de
la Tunisie. Quant à 2014, le déficit budgétaire sera non seulement plus élevé
que prévu (6,9%), mais son financement est des plus hypothétiques», estime un
expert économique.
Des chiffres qui font froid dans le dos
Certains chiffres font réellement froid dans le dos: quand on sait
que le déficit budgétaire a atteint, en 2013, la somme de 6,133 milliards de
dinars alors qu’il était seulement de 651 MDT en 2010. Les gouvernements
successifs ont utilisé pas moins de 10 milliards de dinars de devises en trois
ans (4,4 provenant de l’endettement net supplémentaire, 1,3 de ponction sur les
réserves en devises et 4,4 provenant de ressources de Tunisie Télécom, de
Tunisiana, de la vente des actions de la Banque de Tunisie et d’autres
opérations).
A quoi ont servi ces sommes colossales pour un pays comme le
nôtre? Aucun grand projet concret réalisé, pas de création de richesses, le
néant…
Une lecture des chiffres officiels suscite nombre
d’interrogations, indiquent les observateurs des finances publiques: «Le budget
2014 prévoit 4,51 milliards de dinars d'emprunt extérieur que la Tunisie serait
incapable de mobiliser dans l'état actuel des choses; 825 MDT de Souk Oil et 1
milliard de dinars de produit provenant d'El Moussadara décomptés comme ressources
propres alors que le FMI les comptabilise comme un moyen de financement du
déficit. Des prévisions qui ne se basent pas sur des données objectives, plutôt
hypothétiques, et ce compte tenu de l'impact du report de certaines mesures
intégrées dans la loi des finances ce qui se traduiraient par des moins
valides. Des estimations plus réalistes situeraient le déficit budgétaire à au
moins 8%».
Le déficit commercial, quant à lui, s’approche des 12 milliards de
dinars pour 2013 contre 6 milliards de dinars en 2009, no comment…
Le plus grave serait que ceux qui ont tenu les rennes du pouvoir
ont failli à une règle élémentaire en matière de finances publiques. «Elle
stipule qu'on n’utilise jamais les recettes exceptionnelles telles celles
provenant des privatisations ou d'El Moussadara pour couvrir les dépenses
récurrentes telles que les salaires ou les recrutements. Or les salaires dans
la fonction publique auraient atteint les 10,5 milliards de dinars contre 6 en
2010. Ces augmentations faramineuses ont été couvertes en 2011, 2012 et 2013
par le recours aux ressources citées plus haut. Aujourd’hui que ces recettes
sont presque épuisées, comment couvrir les dépenses qui se renouvelleront tous
les ans? Le seul recours sera la dette ou la réduction du budget d'investissement
de l'Etat. Un budget stableà prix courant depuis 2010 et qui est passé de 25%
en 2010 à 17% en 2013 ».
Stabilité sociale, compression des coûts et reprise de
l’investissement. Des conditions nécessaires pour la relance économique à
condition que les politiciens et les syndicalistes démagogues ne recommencent
pas leurs litanies qui se prêtent plus à des délires. Comme le fait d’exiger
l’emploi de 200.000 chômeurs en une année, de surtaxer encore plus les
entreprises, de bannir de notre espace économique les contractuels, de faire
disparaitre les sociétés d’intérim et j’en passe. Soit des preuves irréfutables
de leur incapacité ou de leur refus à saisir la gravité de l’heure.
Ils comprendront peut être la gravité de leurs campagnes
destructrices le jour où les investisseurs qui résistent encore partiront
ailleurs, où les 800.000 chômeurs passeront au double, ou encore lorsque le
tissu économique sera complètement détruit par la grâce de leurs discours
clairvoyants et de leur militantisme sale, bête et méchant…Ceux-là mêmes qui
ont défendu le droit à la grève et pas celui au travail ou à la libre
initiative!
Source : WMC
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